Description
S ur cette photographie aérienne, prise au printemps 1939, le paquebot Normandie en cale sèche domine majestueusement le paysage industriel du port du Havre. Amarré pour maintenance, le navire-amiral de la Compagnie Générale Transatlantique (C.G.T.) apparaît dans toute sa monumentalité. Il est l’un des symboles les plus éclatants du savoir-faire maritime français. Sa silhouette élancée, ses trois cheminées caractéristiques et ses lignes lui confèrent une élégance inégalée.
Mais non loin de cette splendeur maritime git une coque agonisante. A droite du Normandie, on distingue en effet la masse renversée du paquebot Paris, couché sur le flanc. Le 18 avril de cette année 1939, un incendie dévastateur détruit le transatlantique en attente de partance pour New York. Le feu consume les superstructures. L’accumulation de l’eau projetée par les pompiers entraîne le chavirement du Paris. Ce qui est l’un des fleurons de la marine commerciale française se transforme en épave monumentale. Sa silhouette, figée dans cette position dramatique, révèle à elle seule l’ampleur du sinistre.
L’accident a des conséquences directes pour le Normandie et l’activité du port. L’épave du Paris encombre le bassin. Il complique les manœuvres et nécessite d’importants travaux pour libérer le passage. L’image montre ainsi un port partagé entre deux réalités : l’excellence technologique représentée par le Normandie et la fragilité des géants de mer incarnée par le Paris brisé.
À la veille de la Seconde guerre mondiale, cette photographie capture un instant suspendu : celui d’un âge d’or maritime qui touche à sa fin, entre grandeur intacte et catastrophe encore fumante. Il faudra attendre le France pour retrouver cet émerveillement.
