Description
A travers cette posture solennelle d’un enfant Chigo, ce portrait livre l’essence d’une tradition religieuse de l’Ère Meiji (1868-1912), au Japon. Le terme Chigo signifie lui-même littéralement « enfant ». Il désigne un jeune participant choisi pour incarner un être céleste ou un émissaire divin lors des grandes processions et des festivals shintoïstes ou bouddhistes. Sa présence est un symbole de pureté et de bénédiction.
Un portrait cérémoniel du Chigo
L’enfant observe une pose est d’une gravité remarquable pour son âge. Il est richement vêtu d’un costume de cour stylisé. Il porte un vêtement superposé aux couleurs distinctives. Le manteau brun et vert, à larges manches, recouvre une tunique intérieure plus claire. La richesse de son costume est complétée par un couvre-chef particulièrement orné. Il est couronné de ce qui semble être des fleurs de cerisier.
Le visage est rehaussé d’un maquillage cérémoniel spécifique. La peau est blanchie (oshiroi) et la bouche peinte d’un petit rouge vif. Les deux traits noirs distinctifs sur le front sont une stylisation des sourcils hauts (hikimayu) souvent vue dans le maquillage de cour. Ils accentuent l’aspect mystique et formel du personnage. Dans ses mains jointes avec révérence, l’enfant Chigo tient une branche de cerisier en fleurs (sakura). Le symbole de la nature éphémère de la beauté et de la renaissance saisonnière.
Un tirage albuminé rehaussé de couleurs
Le rare sujet de ce portrait anonyme est un précieux témoignage de la photographie japonaise de la fin du XIXe siècle. Ce type de tirage était surtout destiné aux voyageurs occidentaux. Il était rassemblé avec d’autres photos dans des albums souvenirs.
Ce présent tirage albuminé, contrecollé sur son carton d’origine, est rehaussé de couleurs, à la main. Des artistes spécialisés étaient souvent employés dans les grands studios photographiques de Yokohama ou de Tokyo. Ils appliquaient avec une précision méticuleuse des pigments pour donner vie aux kimonos, ornements floraux et personnages, comme cet enfant Chigo.
Ces touches d’émeraude, de rouge carmin et de rose pâle transforment l’image en une œuvre d’art unique. Ce tirage albuminé de la fin du XIXe offre un regard sur les rituels et les arts visuels du Japon ancestral, à l’aube de sa modernisation.